Intelligence Artificielle IA

Extrait du chapitre 6 du roman Les ingénieurs de la vie

Extrait du sixième chapitre :

Pourquoi l'Intelligence Artificielle (IA) est un piège ?...

C'est ce que tente d'expliquer Eliot Rubik pendant sa conférence de presse.

Chapitre 6 :
intelligence
(année 2310)

- Ce sont quels modèles d’androïdes ?

- Vous ne les trouverez pas sur le marché. Ils ont été réalisés en interne par une autre de mes sociétés. Juste une question de sécurité. On aime bien être sûr de ce qu’on leur injecte dans leur tête… précisa Eliot.

- L’intelligence artificielle ne vous semble pas à la hauteur ? demanda un autre journaliste.

- On n’a pas besoin d’avoir un casse-tête grand format à gérer avec vingt années entre chaque requête… Dans cette mission, il nous faut du simple, de la fiabilité, et donc, de l’efficacité.

- Pourtant, l’intelligence artificielle a les capacités de se réparer toute seule, ou d’analyser n’importe quelle situation nouvelle, n’est-ce pas ?

- Je vous donnerai quelques exemples qui illustreront mon propos. Mais avant toute chose, je tiens à vous donner des éléments de réponse à la question suivante… Qu’est-ce que réellement l’intelligence artificielle ? Comment fonctionne-t-elle ? Est-elle un super calculateur mondial, ou se rapproche-t-elle de notre façon de penser, à nous ? Figurez-vous qu'à l'origine, la communication sur l’intelligence artificielle ne correspondait pas à la réalité. Nous n’aurions jamais du utiliser ce mot "intelligence". Car dans la culture de ceux qui avaient inventé cette science, au vingtième siècle, ce terme correspondait à la gestion des données et le traitement de l'information, et non pas à une intelligence telle que notre esprit critique, ou notre esprit créatif. Les machines qui sont en charge de produire cette "intelligence" ne font que simuler une pensée qui a du sens pour nous. Sans entrer dans le détail, je peux vous assurer qu’elles ne comprennent même pas les mots qu’elles alignent. Mais elles nous donnent quelque chose qui a du sens pour nous, grâce à notre intelligence. Quand vous regardez des nuages dans le ciel, c'est vous qui leur donnez une signification. C'est votre intelligence qui fait le rapprochement de tel ou tel nuage avec des formes vues dans la nature. C’est vous qui estimez qu’il ressemble à un chat ou à un chien. Ce n'est pas le nuage qui pense cette forme. Pour nos machines, c’est le même principe : ce ne sont, réellement, que des calculateurs "idiots".

- Idiots ? Le terme est un peu fort, non ? Pouvez-vous préciser votre pensée ? demanda un journaliste étranger.

- Bon… avant de spéculer sur l’intelligence artificielle, il serait judicieux de bien définir l’intelligence naturelle, c’est à dire notre intelligence. Il ne faut jamais oublier que l’intelligence est la faculté d’interagir avec son milieu environnant. Toutes les atteintes neuronales, chez un individu, le prouvent. Que cela soit à la suite d’un AVC, un Accident Vasculaire Cérébral, ou d’un traumatisme entraînant une lésion sur la moelle épinière, les conséquences peuvent être plus ou moins importantes concernant l’interaction avec son environnement : par exemple, un AVC entraînant une perte de la parole et de l’écriture va automatiquement renfermer dans une bulle le patient qui a ces lacunes. Autre exemple : un enfant qui naît avec un ou deux sens en moins, comme la vue, l’ouïe, va avoir un handicap non négligeable par rapport à un apprentissage standard et donc son développement dans notre environnement. Cela me rappelle la citation d’un éminent scientifique qui disait : "demandez à un poisson de monter à un arbre. Il sera considéré comme un cancre." Ainsi, on en arrive aux intelligences multiples.

- Quel est ce concept ? demanda une journaliste qui se trouvait au premier rang.

- Prenons l’exemple de mon chien qui a un talent certain pour la course. Avec ses quatre pattes, il me bat à plate couture. Malheureusement pour lui, quand je lui demande de nager plus vite que moi, c’est une autre histoire. Le génie a besoin de la polyvalence pour s’exprimer. Pas le talent… Comprenez qu’il vaut mieux avoir du génie, plutôt que du talent…

- Oui, vue sous cet angle, la démonstration est claire.

- Sur le même principe, une bactérie a plus de génie, ou est plus intelligente, qu’une intelligence artificielle. Car la bactérie va chercher à fuir un milieu trop acide ou trop chaud, alors que si vous mettez le feu à un serveur informatique, il y a peu de chance qu’il parte en courant… Ce dernier n’a qu’un seul talent : calculer dans un univers défini. D’ailleurs, cela me rappelle une anecdote qui date de mes années universitaires : j’avais constaté, avec effroi, qu’une camarade de classe apprenait tous les cours par cœur, sans rien y comprendre, alors que nous étions en maîtrise, c’est à dire en quatrième année d’études. Évidemment, elle n’est pas passée en troisième cycle… On ne peut pas tout stocker dans sa tête sans rien y comprendre, car il est impossible d’avancer plus loin, puisqu’il n’y a pas de réflexion. Et ce que l’on demande en troisième cycle, c’est non seulement de la réflexion, mais surtout de l’autonomie dans cette réflexion.

- C’est à dire ? Pouvez-vous développer ? questionna-t-elle.

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Publié dans Actualités.

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